Le patineur du futur (8/8) : le cerveau

Publié le par Vincent Esnault

La saison de roller allait bientôt recommencer que je terminais à peine mon hiver sur les routes d’Europe. De la République Tchèque aux Pays-Bas, en passant par la France, j’avais emmagasiné bien des kilomètres au compteur. Et j’avais remonté (au sens propre comme au sens figuré) le patineur du futur, des pieds à la tête… Ou presque.

 

         La génétique n’est pas encore assez avancée pour à la fois entrer dans le cerveau humain et être capable de le modifier. Heureusement ? Allez savoir… Les utopistes pourraient arguer qu’il y a toujours des fonctions à éliminer dans les cerveaux des hommes. Mais qui dit que c’est possible ? Et qui pense qu’on ne toucherait pas là à ce qui fait notre humanité justement ? L’homme est peut-être un cataclysme capable de sourire finalement.

         Je me retrouvais encore une fois au volant après avoir quitté Rotterdam, avec quelques heures devant moi et une route assez bien entretenue et assez dégagée pour pouvoir repenser à tout ça tranquillement. De toute façon, la radio ne diffusait que des informations en néerlandais, puis en flamand. Autant dire en hébreu ! Alors je me mis à psalmodier à mon tour sur ce que pourrait être le cerveau du patineur du futur : je pris les gants du généticien et j’ouvris ma trousse à outils.

         Pour dire la vérité, j’aurais mieux fait d’apprendre l’hébreu : ça aurait été plus facile ! Le cerveau, c’est un sujet bien trop complexe. Le cerveau d’un patineur de vitesse d’autant plus – qui l’eut cru ? Il doit être capable d’analyser plusieurs paramètres en même temps, des plus simples (comme par exemple aller vite) aux plus compliqués (s’acclimater à plusieurs types de parcours, à plusieurs types de climats, gérer des ralentissements et des accélérations, s’intégrer dans un peloton, envisager un sprint, etc.). Et je ne vous parle même pas des émotions (le stress, la concentration, l’abnégation, le renoncement, la joie, la tristesse, et j’en passe) !

         Je comprenais dès lors un peu mieux pourquoi les scientifiques n’étaient toujours pas parvenus à boucler ce dossier du cerveau. Tout cela est effrayant et jubilatoire à la fois. C’est effrayant parce que ça signifie qu’aujourd’hui, théoriquement, on est capable de créer un champion potentiellement incontrôlable : au final, à quoi cela servirait-il, si c’est pour qu’il soit incapable de calculer le premier virage venu ? C’est également jubilatoire, parce que de cette manière, la glorieuse incertitude du sport est préservée !

         Avant de quitter mon domicile pour ce périple, j’avais reçu le numéro de janvier de National Geographic. Et j’ai pris le temps de le lire. Sur la couverture, une question qui renvoyait à un article du magazine : « Que serait la Terre sans les Hommes ? » L’auteur, Emilie Martin, avait elle aussi parcouru quelques kilomètres pour répondre à cette question, et rencontré quelques scientifiques. Son hypothèse de départ : en 2010, l’Homme disparait de la surface de la Terre à cause d’une terrible épidémie. Et bien, que croyez-vous qu’il advienne ? Au bout de cinq ans, la nature aura déjà commencé à coloniser la planète. Ca prendra un peu plus de temps pour que les dernières traces de pollution (nucléaire essentiellement) disparaissent définitivement à leur tour.

         Et le patineur du futur dans tout ça ? Apparemment, la Terre peut très bien s’en passer, merci pour elle ! Sporkosy et Conteste veulent quant à eux changer génétiquement les patineurs : le débat est-il encore là ou bien nos deux scientifiques ont-il déjà deux trains de retard ?

 

 

                                                  Un cerveau génétiquement modifié, c'est possible ?

                                                                          (Dessin de Selçuk)

Publié dans Le patineur du futur

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